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12 janvier 2009 1 12 /01 /janvier /2009 16:34

 

 

L’hôtel du Grand balcon est désormais ré ouvert après plusieurs mois de travaux. Le promoteur Vinci Immobilier a réalisé une restauration dans les règles de l'art, sous le contrôle étroit des Bâtiments de France (le bâtiment est inscrit à l’inventaire des monuments historiques depuis 1999) pour le compte du Groupe de l'Hôtellerie, qui exploitera l'établissement.

Jean-Philippe Nuel, décorateur parisien, a recréé un décor évoquant l'époque des héros de la Ligne Toulouse-Saint-Louis-du-Sénégal. Le hall d'entrée, le sol en mosaïque multicolore, ont été démontés et restaurés. Tout comme l'ascenseur Belle Époque, conservé comme élément décoratif

La chambre de Saint-Ex bénéficie d'un traitement de faveur, « inspiré des photos d'archives de l'hôtel et du film « Au Grand Balcon » avec Pierre Fresnay, tourné dans les années quarante », explique l'architecte toulousain Jérémie Harter. Les autres chambres, sobres, meublées en contemporain, évoqueront discrètement le ciel et les avions.

Grâce à nos amis des Toulousains de Toulouse et particulièrement à Alain Le Pestipon, apprenons un peu plus sur ce mythique hôtel.

L'histoire

 

  • De 1856 à 1880, un hôtel garni est situé quasiment à cette adresse, hôtel tenu successivement par une Madame Etienne et une Madame Icart.

    De 1881 à 1901, changement de catégorie grâce vraisemblablement à l’ouverture d’un restaurant et nouvelle direction « Marnac »


     Puis de 1901 à 1954, l’hôtel est repris par la famille Marquès d’origine alsacienne, le père et son épouse puis les 2 filles Lucie et Henriette et une amie de celle-ci Risette Mason.
    •  L’hotel fut réquisitionné par les Allemands entre 1942 et 1944 par l’état major de l’armée de l’air d’occupation.

      • En 1955, il fut repris par M. Brousse jusqu’en 2001 puis
        M. Benchouchi  jusqu’en 2003 pour être finalement vendu
        au Groupe de l'Hôtellerie, qui exploitera l'établissement.
        Gilles Douillard, patron parisien de cette société, possède une dizaine d'autres hôtels atypiques tels que celui-ci.

L'établissement, était devenu une étape incontournable pour les fans du Guide du Routard, grâce à ses tarifs imbattables, et un lieu de pèlerinage des amoureux de l'aviation qui venaient coucher dans la chambre où Saint-Ex avait ses habitudes, la 32, au troisième étage, avec vue plongeante sur la place du Capitole, d'où partait, à l'époque, le tramway menant les pilotes à l'aérodrome de Montaudran.

 
La période Aéropostale

Les demoiselles Marquès  avaient, en 1920, Risette, vingt-trois ans, Henriette, vingt-sept ans et Lucie trente-cinq ans. Elles tenaient, à l'enseigne du Grand Balcon, une pension bourgeoise pour employés de bureau célibataires.


L’hôtel était réparti sur 5 niveaux:

Le rez de chaussées : hall d’entrée  avec décoration en stuc autour du plafond , téléphone dès 1923 et ascenseur à partir de 1929, réception et salon,

L’entresol ( au niveau des fenêtres à arcades) : restaurant et chambres

Au dessus 3 étages de chambres dont les prix étaient proportionnels à l’altitude, on peut supposer que les pilotes logeaient en bas et les mécaniciens au plus haut.

Un soir, un chef mécanicien, employé à l'aérodrome voisin de Montaudran est venu s'inscrire sur le registre de la clientèle. Quelques jours plus tard, il a ramené un pilote, puis un autre... En deux mois, la pension abritait une escadrille, les clients ennuyeux s'éliminant d'eux-mêmes.

 

L’hôtel avait été choisi vraisemblablement grâce à son coût raisonnable et à sa situation au centre de Toulouse, au point de départ d u tramway Toulouse-Montaudran et près des cafés, théatres …

 

Il fut le lieu de séjour de beaucoup de pilotes et de mécaniciens  parmi lesquels Mermoz, qui y venu pendant une douzaine d’années et Saint Exupéry  qui contrairement à la légende n’occupât la  chambre 32 que pendant quelques mois.

 

Qaund aux demoiselles, elles étaient célibataires et à cheval sur la morale ce qui leur a valu le qualificatif de  vieilles demoiselles .

Il faut surtout savoir que les pilotes n’occupaient pas la totalité des 44 chambres et que les demoiselles tenaient à une certaine discrétion lorsque leurs clients y amenaient leurs conquêtes !

 

Laissons parler la légende  et écoutons  Jean Brousse


"Mon épouse et moi-même sommes arrivés au Grand Balcon en 1955. Avant nous, l'hôtel appartenait à deux demoiselles, les soeurs Marqués, qui étaient secondées par une amie, Mademoiselle Masson. Elles étaient de saintes femmes, accueillant et supportant avec un inébranlable sourire les pilotes, les mécaniciens et leurs déboires.

A l'époque, l'hôtel comptait une quarantaine de chambres. Comme il n'y avait pas d'ascenseur (ndlr jusqu'en 1929) les pilotes occupaient les premier et second étages et les mécanos avaient investi le troisièmes étage : "le poulailler". La chambre coûtait quatre francs et le repas deux francs cinquante. Les demoiselles étaient bonnes avec eux tous : elles faisaient crédit à ceux qui ne pouvaient payer et attendaient avec patience un éventuel remboursement.

Leur seule exigence était la bonne moralité de leur établissement. Un peu bigotes, elles refusaient la présence de femmes dans la chambre des pensionnaires. Eux avaient mis au point un stratagème qui consistait à monter les escaliers avec les demoiselles sur le dos pour que leur pas ne réveillent pas les soupçons ! Les demoiselles n'étaient pas dupes, mais laissaient faire...

De temps en temps, la salle à manger et l'entresol, était transformés en dancing. Mermoz se lançait alors dans des tangos langoureux qui rendaient fous de jalousie les assistants. Plus calme, Saint-Exupéry s'endormait régulièrement dans la baignoire d'où le délogeaient ses compagnons.

Ces petites scènes de la vie quotidienne faisaient de cet hôtel un antre à part, entièrement réservé à ceux qui l'avaient investis, les clients habituels ayant reculé sous les coups de boutoirs de ces drôles d'hommes !

Plus tard, les choses ont sensiblement changés. Nous avons agrandi l'hôtel où les aviateurs étaient, de fait, les moins nombreux, mais ils continuaient d'être là et leurs tempéraments enchantaient ceux qui les croisaient ".

En 1949, Joseph Kessel réalise un film sur l'aventure de l'Aéropostale. Sous le nom de Grand Balcon, ce film raconte la formidable épopée qui fit entrer dans l'histoire de France une génération d'aviateurs et de constructeurs.


A l'occasion de la sortie du film, le magazine Paris Match
 consacra plusieurs pages à cet hôtel du Grand Balcon
qui logeait les pilotes et fit un portrait amusé des trois soeurs
 qui en étaient les gardiennes. Kessel
réduit leur nombre à deux, 
 on leur donne un âge plus respectable  et on construit la légende
des « fiancées » des pilotes transportées sur leur dos .


                                                Les demoiselles dans les années cinquante

 

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